Quand la santé devient un alibi : L’art éculé des anciens dirigeants pour échapper à la justice
Le procès de l’ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, offre une illustration supplémentaire d’une tendance bien connue : invoquer des problèmes de santé pour échapper à la justice. Cet artifice, largement utilisé par de nombreux anciens dirigeants déchus à travers le monde, semble avoir perdu son efficacité à mesure qu’il s’est banalisé.
Une tentative d’évasion manquée
En janvier 2023, face à une convocation judiciaire imminente, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait tenté de quitter le pays via l’aéroport de Nouakchott. La vigilance des autorités policières avait empêché cette fuite, renforçant l’image d’un homme prêt à tout pour échapper à ses responsabilités.
Un comportement provocateur au tribunal
Lors de son procès récent, l’ancien président a adopté une attitude pour le moins surprenante, multipliant insultes et accusations. Il s’est attaqué, entre autres, à la mémoire du président feu Mokhtar Daddah, à l’ancien régime de Maaouiya Ould Taya, aux médecins mauritaniens, aux hommes d’affaires, et en particulier à Mohamed Bouamatou, son principal rival économique.
Mais lorsque l’heure est venue de répondre aux questions des juges et des avocats de la partie civile, Mohamed Ould Abdel Aziz a soudainement invoqué des problèmes de santé pour justifier son incapacité à poursuivre l’audience. Une stratégie qui, pour beaucoup, n’est qu’un subterfuge destiné à retarder les procédures judiciaires.
La saisie des biens pour réparer les dommages
Au cœur des accusations portées contre l’ancien président figurent des malversations ayant conduit à des préjudices significatifs pour des citoyens mauritaniens. Parmi les dossiers les plus sensibles figurent les ventes controversées de la cité police et du stade olympique, ainsi que l’attribution illégale de terrains situés sur la plage d’I5. Ces biens doivent désormais être saisis pour indemniser les citoyens lésés et rétablir l’ordre public.
Un stratagème usé à l’international
L’affaire de Mohamed Ould Abdel Aziz s’inscrit dans une tendance internationale où des dirigeants déchus invoquent des raisons médicales pour éviter la justice. De Moussa Dadis Camara en Guinée, à Hosni Moubarak en Égypte, en passant par Jacob Zuma en Afrique du Sud, les exemples abondent. Ces manœuvres, souvent mises à mal par des contre-expertises, ont largement perdu leur crédibilité auprès des tribunaux et des opinions publiques.
Un rejet croissant de la comédie judiciaire
Face à ces tentatives répétées de manipulation, les systèmes judiciaires deviennent de moins en moins sensibles aux alibis médicaux des anciens chefs d’État. Si ces derniers espèrent encore gagner du temps ou susciter la sympathie, la réalité est que la justice finit toujours par les rattraper.
Le cas de Mohamed Ould Abdel Aziz pourrait marquer un tournant en Mauritanie, renforçant la confiance des citoyens dans les institutions et envoyant un signal fort : nul n’est au-dessus de la loi.